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Historique : Documentation

QUESTION D'ACTUALITE

 

Le projet de mariage et d’adoption d’enfants par des couples homosexuels défraie la chronique de l’actualité. Au-delà des postures passionnelles, que peuvent penser les psy ? Qu’en sera-t-il de l’enfant élevé par des parents de même sexe ? Comment construira-t-il son identité sexuée ? Les psy de toutes obédiences peuvent légitimement se poser la question.

Or, de tels enfants existent déjà et ne semblent pas présenter plus de troubles que la moyenne des autres. Les perturbations psychiques de l’enfant, quand elles ne sont pas neurologiques, se construisent en effet d’abord dans l’ambiance des pathologies psychiques des parents, indépendamment de leur orientation sexuelle. Mieux vaut donc, évidemment, des parents homosexuels aimants et attentifs que des parents hétérosexuels névrosés, violents, alcooliques… Et quant à la construction de l’identité sexuée, elle a certes besoin de masculin et de féminin pour advenir. Mais qui n’a remarqué qu’il y a toujours dans les couples homosexuels l’un des partenaires qui exprime plutôt une énergie féminine et l’autre une énergie masculine, quelle que soit leur réalité anatomique ? L’amour, qu’on le veuille ou non, vient toujours de la rencontre de quelque chose de « masculin » avec quelque chose de « féminin », y compris chez les homosexuels.

De fait, la psyché spécifiquement humaine naît avec le symbolisme. Cela commence lorsque le bébé comprend qu’il n’est pas le tout de sa mère parce qu’elle est attirée par un autre qu’elle désigne, le père. Celui-ci est donc d’abord un nom, un symbole indépendamment de la réalité de la personne qui en est porteur. Cette fonction paternelle « autre » qui frustre l’enfant parce que le désir de la mère ne se tourne pas exclusivement vers lui, l’oblige à défusionner et donc lui permet d’acquérir une identité autonome.  Et cela se fait par le langage et la symbolique avant de se faire par la réalité. C’est la fameuse théorie du « nom-du-père » de Lacan. Une femme qui aurait le pôle masculin dans un couple de lesbiennes pourrait donc tout à fait jouer ce même rôle structurant pour la psyché parce qu’elle sera l’autre que désire et nomme la mère et qui n’est pas l’enfant.

La réalité du père joue un rôle plus tardif et le fait que la fonction paternelle soit tenue par une femme, ou que la fonction maternelle soit tenue par un homme, peut avoir une certaine influence, mais elle ne se situe pas aux fondations de la psyché.

Et quant au mariage dont l’Eglise catholique nous dit qu’il est impossible et dangereux de l’accorder aux homosexuels, tout dépend du sens que l’on donne à ce mot. S’il s’agit d’un contrat entre personnes qui s’aiment, socialement enregistré et valorisé par un acte officiel et des festivités, on ne voit pas pourquoi les homosexuels en seraient privés. S’il s’agit d’un symbole de l’union mystique à l’Autre différent et mystérieux, et que de cette union puisse advenir la vie, ça perd ce sens entre personnes de même sexe. On ne parle donc pas du même « mariage ».

 

Yves Lefebvre